Après la pandémie de Covid 19, la croissance repart. Avec ce redémarrage, nous assistons à une augmentation du prix des carburants, de l’électricité, du gaz, …
Composition du prix du carburant
Pour bien comprendre de quoi on parle, il est important que les choses soient claires. Pour savoir quel levier actionner, il est nécessaire de savoir comment le prix est composé pour identifier les marges de manœuvre disponibles et évaluer les impacts.
Pour le gasoil et le super, voici comment est composé le prix :
Voyons ce que ça donne en pourcentages :
- Pour le pétrole :
- 33.4 pour le gasoil et 31.5 % pour le SP 95
- La distribution :
- 10.3 % pour le gasoil et 9.5 % pour le SP95
- la TVA sur le produit
- 8.73 % pour le gasoil et 8.21 % pour le SP95
- La TICPE
- 39.7 % pour le gasoil et 42.35 % pour le SP95
- La TVA sur la TICPE
- 7.95 % pour le gasoil et 8.46 pour le SP95
Pour reprendre les 3 postes principaux :
Composant | Gasoil | SP 95 |
---|---|---|
Produit brut | 33.4 % | 31.5 % |
Distribution | 10.3 % | 9.5 % |
Taxes | 56.3 % | 59 % |
Pistes du gouvernement pour aider la population
Pour aider la population à passer ce cap, le gouvernement a étudié quelques pistes. De celle impactant les distributeurs, à celle de la baisse des taxes.
Faire peser l’action sur les distributeurs
C’était la première idée annoncée par le gouvernement. L’idée de demander aux distributeurs de baisser leurs marges.
Mais quelles sont-elles ces marges de distributeurs ? Selon l’article de FranceTV, les marges de distributeurs seraient de 1 % du prix total. Ceci implique que quand le prix augmente de 5 centimes, la marge du distributeur rapporte 0.05 centime.
De toute façon, leur part total sur le prix total est de 10 % environ.
Un chèque carburant
L’autre proposition est un chèque carburant. D’un montant de 100 €, cela revient à donner, grosso-modo, 2 € par semaine. Sur un plein entre 30 et 75 €, cette aide reste assez minime, pour ne pas dire insensible.
Un chèque « inflation »
Dans une volonté de toucher un maximum de personnes, et pas que ceux qui ont besoin de leur véhicule, l’état propose un chèque « anti-inflation » de 100 € pour toutes celles et ceux qui touchent moins de 2000 € net par mois.
La raison pour laquelle cette solution est « préférée » à celle du chèque carburant, c’est que cette dernière solution serait « injuste ». Injuste dans le sens où, même ceux qui n’en ont pas besoin, car ayant des revenus importants, aurait une aide.
Combien rapporte 1 centime sur le carburant dans les comptes de l’état
On entend dire, par le ministre de l’Économie, que de baisser de 1 centime le prix des carburants, fait perdre 350 millions d’euro à l’état.
Je crois que c’est là que le vocabulaire prend tout son sens.
Si 1 centime correspond à 350 millions d’euro pour l’état, alors quand les carburants augmentent de 10 centimes, c’est l’état qui gagne 3.5 milliards d’euro de taxes.
Donc, pour reprendre le discours nous culpabilisant, nous faisant croire que baisser le prix des carburants dans cette époque où les prix flambent, 1 centime de moins, ce n’est pas 350 millions d’euro de perte pour lui, mais bien 350 millions de manque à gagner. Cette somme n’était pas prévue dans le budget et vient gonfler des recettes qui ne l’attendaient pas.
L’état ne perd pas 350 millions d’euro, il ne les gagne pas, c’est une vraie différence.
Cette augmentation des carburants est une aubaine pour l’état qui trouve dans cette augmentation des revenus inattendus. On appelait « une cagnotte » à l’époque.
Et cette cagnotte, prise sur le budget de tous ceux qui utilisent des carburants, va sûrement servir à combler le trou fait par tous les cadeaux qui ont été faits aux entreprises et aux plus fortunés (impôt sur la fortune, CICE), sans retombées directes dans l’économie.
Le cynisme, c’est quoi ?
Reprenons.
La part des distributeurs est de 10 % environ.
Celle du produit lui-même, environ 30 %
Enfin, celle de l’état, autour des 60 %
En bon économiste, s’il y avait un poste sur lequel il serait facile de jouer serait le plus gros : celui des taxes globales. Sans compter que dans ces taxes, on trouve la TVA, une taxe supplémentaire et la TVA sur cette taxe supplémentaire. Ça fait beaucoup finalement.
Je pense que le cynisme, dans ce cas, c’est d’avoir 60 % des revenus globaux et de demander, à ceux dont la part est de 10 % et avec une marge de 1 centime par litre de prendre l’effort de la baisse.
Au final
Pour résumer tout ça, on peut dire que sur un litre à 1.535 € :
- les taxes représentent 86 centimes et rentrent dans les caisses de l’État
- la distribution représente 10 % environ et surtout, 1 centime par litre
- le pétrole lui-même représente environ 30 %
Jouer sur le prix du produit n’est pas dans les leviers possibles.
Reste la distribution et les taxes de l’état.
L’état voulait, pendant un moment, et a communiqué dessus, que les distributeurs baisse leur marge pour faire baisser les prix. Les distributeurs ne représentent que 10 % du prix global.
Et c’est ce même état, qui, prenant environ 60 % du prix total, demandait, pour que le surcoût soit moins difficile, aux distributeurs de faire baisser litre de carburant. Alors que dans le même temps, l’ETAT gagne entre 60 fois plus (si on considère les 10 % des distributeurs), ou 600 fois plus (si on considère la marge nette de 1 centime).
C’est cette réalité qu’il faut avoir quand on entend notre ministre nous dire que l’ETAT perd 350 millions par centime de moins. Ce n’est pas une perte, mais un manque à gagner qui va corriger les trous qu’il a créés en baissant ses recettes.