5 révélations sur le syndrome de l’imposteur que vous ignorez probablement

Vous venez d’obtenir la promotion pour laquelle vous avez tant travaillé. Les félicitations affluent, mais au lieu de la joie attendue, un sentiment de panique s’installe. Une petite voix insidieuse vous murmure :

« Ils ont fait une erreur. Bientôt, ils découvriront que tu n’es pas à la hauteur. »

Ce paradoxe, où le succès engendre le doute, est la signature du phénomène de l’imposteur. Il s’agit de ce sentiment persistant d’être une fraude, malgré des preuves objectives de compétence.

Bien que le terme « syndrome » soit le plus répandu, les experts préfèrent souvent parler de « phénomène de l’imposteur ». La nuance est importante : il ne s’agit pas d’un trouble psychiatrique reconnu, mais d’une expérience psychologique partagée par des millions de personnes. Cet article, basé sur des témoignages et des recherches, explore cinq facettes surprenantes de ce phénomène largement répandu.

Vous êtes en excellente compagnie : le club des imposteurs célèbres

Si vous vous sentez comme un imposteur, sachez que vous êtes en excellente compagnie. Ce sentiment n’est pas un signe de faiblesse ou d’incompétence, mais un paradoxe souvent vécu par les plus performants.
Des études montrent que jusqu’à 84% des cadres supérieurs en souffrent, doutant de leur légitimité malgré leur position. Ce phénomène touche certaines des personnes les plus accomplies au monde, qui ont publiquement partagé leur expérience.

« L’estime exagérée dans laquelle mon œuvre est tenue me met très mal à l’aise. Je me sens obligé de me considérer comme un escroc involontaire. »

Albert Einstein

« J’ai écrit 11 livres, mais chaque fois je me dis : ‘Oh oh, ils vont le découvrir maintenant. J’ai joué un jeu avec tout le monde, et ils vont me démasquer.’ »

Maya Angelou

Un doute, cinq visages : duel est votre « règlement intérieur » de la compétence ?

Le phénomène de l’imposteur n’est pas monolithique. Selon les recherches de la Dr. Valerie Young, son origine ne réside pas seulement dans le doute, mais dans une adhésion à un « règlement intérieur » irréaliste et insoutenable sur ce que signifie être compétent. Les cinq profils d’imposteurs sont simplement différents chapitres de ce règlement erroné. Identifier le vôtre est la première étape pour réécrire les règles.

Le Perfectionniste

Sa règle se concentre sur le « comment » une tâche est réalisée et son résultat. Pour lui, une performance réussie à 99 % est un échec. La moindre faille dans un travail par ailleurs excellent est vécue comme une honte et une preuve d’incompétence.

L’Expert

Sa règle est basée sur le « combien » de connaissances il possède. Vivant dans la peur constante d’être démasqué comme ignorant, il a le sentiment de ne jamais en savoir assez, ce qui le pousse dans une quête sans fin de certifications et de formations pour combler des lacunes perçues.

Le Soliste

Sa règle se focalise sur « qui » accomplit la tâche. Pour qu’une réussite soit valable, il doit l’avoir accomplie entièrement seul. Demander de l’aide est vécu comme un aveu d’échec et une source de honte.

Le Génie Naturel

Sa règle mesure la compétence en termes de « facilité et de rapidité ». S’il doit lutter ou fournir des efforts importants pour maîtriser une compétence, il se sent immédiatement frauduleux et incompétent.

Le Super-Héros

Sa règle mesure la compétence au « nombre de rôles » qu’il peut jongler et dans lesquels il peut simultanément exceller (professionnel, parent, ami, etc.). Échouer dans un seul de ces domaines est une source de honte et renforce son sentiment d’imposture.

Le piège de la réussite : pourquoi le succès ne fait que renforcer le doute

De manière contre-intuitive, le succès ne guérit pas le phénomène de l’imposteur ; il l’alimente. Ce mécanisme est connu sous le nom de « cycle de l’imposteur ». Lorsqu’une nouvelle tâche se présente, l’anxiété et la peur d’être démasqué s’activent. Pour y faire face, la personne adopte l’une des deux stratégies comportementales suivantes :

  1. La sur-préparation (overdoing) : travailler de manière excessive, bien au-delà de ce qui est nécessaire, pour compenser un supposé manque de talent.
  2. La procrastination (underdoing) : repousser la tâche jusqu’au dernier moment pour avoir une excuse toute prête en cas d’échec (« Je n’ai pas eu assez de temps »).

Ces stratégies sont particulièrement prononcées chez certains profils ; le Perfectionniste et le Super-Héros, par exemple, sont des candidats naturels à la sur-préparation, voyant dans l’effort excessif la seule manière de se sentir légitimes.

Dans les deux cas, si le succès est au rendez-vous, la personne ne l’attribue jamais à ses compétences réelles. La réussite est justifiée soit par l’effort acharné (« Je n’ai réussi que parce que j’ai travaillé plus que tout le monde »), soit par la chance (« J’ai réussi par un coup de bol »). Ce cycle vicieux empêche l’internalisation des réussites et renforce la conviction profonde d’être une fraude.

Ce n’est pas un simple manque de confiance

Il est crucial de distinguer le phénomène de l’imposteur d’autres sentiments comme le doute de soi ou l’anxiété de comparaison. Bien qu’ils puissent se ressembler en surface, leur source est fondamentalement différente.

  • Anxiété de comparaison : « Vais-je un jour faire partie du lot ? » Cette angoisse est focalisée sur les autres, sur le sentiment de ne pas encore avoir atteint leur niveau.
  • Phénomène de l’imposteur : « Pourquoi est-ce que je fais partie du lot ? » Ce doute est focalisé sur une fraude interne, malgré les preuves objectives de succès qui placent déjà la personne « dans le lot ».

La différence clé réside dans l’attribution des succès. Les personnes souffrant du phénomène de l’imposteur attribuent systématiquement leurs réussites à des facteurs externes (chance, timing, erreur des autres). Cette attribution systématique à des facteurs externes n’est pas une simple pensée passagère ; c’est le résultat direct du « cycle de l’imposteur » décrit précédemment, qui empêche toute internalisation des réussites et ancre la conviction d’être une fraude.

Ce n’est pas entièrement de votre faute : Le rôle de l’environnement

Le phénomène de l’imposteur n’est pas uniquement un problème individuel ; il est souvent déclenché ou aggravé par des facteurs externes et structurels. Reconnaître leur influence permet de déculpabiliser et de contextualiser ce sentiment.

  • La dynamique familiale durant l’enfance : Des attentes parentales trop élevées, le fait d’être étiqueté comme « le doué » de la famille (créant une peur de décevoir), ou au contraire un manque de valorisation peuvent jeter les bases de ce doute.
  • La culture d’entreprise : Des environnements de travail hyper-compétitifs, un management qui ne normalise pas l’erreur, ou un manque de retours constructifs et de reconnaissance peuvent intensifier le sentiment d’illégitimité.
  • Les biais sociétaux : Les stéréotypes de genre ou d’origine peuvent particulièrement intensifier le sentiment d’imposture chez les personnes issues de groupes sous-représentés, qui doivent constamment prouver leur légitimité dans des milieux où elles ne se sentent pas pleinement à leur place.

Conclusion : et si vous réécriviez les règles du jeu ?

Loin d’être une faille personnelle, le phénomène de l’imposteur est une expérience humaine étonnamment commune, partagée par des millions de personnes, y compris les plus brillantes et les plus accomplies. Comprendre qu’il s’agit d’un mécanisme psychologique bien identifié, avec ses déclencheurs et ses cycles, est le premier pas essentiel vers la libération.

Puisque ce sentiment est souvent basé sur des règles internes irréalistes de ce que signifie « être compétent », quelle est la première règle de votre propre livre que vous pourriez commencer à réécrire dès aujourd’hui ?

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