L’influence de Joe SATRIANI sur mon jeu

J’imagine que dans la vie de tout guitariste, arrive ce moment où on prend un grosse claque. Ce moment où on tombe sur un artiste qui nous scotch littéralement et fait nous dire : « mais qu’est ce c’est que ce truc : mais génial ce qu’il fait« .

Au début, j’ai travaillé sur le jeu de Mark KNOPFLER. J’aime beaucoup sa façon de jouer, sa sonorité et le feeling qu’il arrive à exprimer.

Et puis un jour, après en avoir beaucoup entendu parlé, le voir en couverture de magazine, un ami m’a prêté un album : « Flying in a blue dream » de Joe SATRIANI. Et là, c’était « ma claque » de guitariste, et elle a eu un effet incroyable sur moi et mon jeu.

Le premier album que j’ai écouté

Le premier morceau, qui porte le nom de l’album, « flying in a blue dream » :

Ce premier morceau commence doucement, avec un larsen de guitare et une rythmique à 2 accords arrivent.
L’ambiance, calme, douce s’installe et le thème commence.

Là aussi, quelques notes, pas trop rapides, parfois longues, mais un placement rythmique impeccable. On est saisit par l’atmosphère du morceau qui se confirme.

La mélodie monte en intensité en allant vers l’aiguë et des fins de phrases qui s’accélèrent, tout en gardant cette sensation de fluidité.

Des harmonies originales, avec des accords qui permettent les chromatismes et des couleurs qui interpellent l’oreille.
Tout ça pour amorcer un changement, avec un accord qui vient renforcer la rythmique et là, le solo commence, et la stupéfaction s’installe. On essaie de suivre ce qui se passe. Une pluie de notes, avec on se demande comment c’est possible.

Les notes pleuvent mais toujours avec des instants de pause pour faire ressortir certaines notes. C’est juste génial. On prend un coup de fouet et un sentiment de : « qu’est-ce qui s’est passé et comment on fait ça ? ».

Je me suis dit « il faut que je travaille cette technique ». Ma première expérience avec la technique du légato

J’ai écouté l’album en entier, avec cette excitation de la nouveauté, de la fraîcheur de ces nouvelles sonorités et l’envie d’en avoir encore et encore plus.

Les morceaux de l’album qui m’ont le plus marqué

Après le premier morceau et son dépaysement total par rapport à la musique que j’écoutais à l’époque, les autres morceaux sont assez variés tout en restant rock à souhaits.

The Mystical Potato Head Groove Thing

Pour ce deuxième morceau, toujours dans le rock, et une sonorité que je ne connaissais pas à l’époque, avec un riff saisissant sur une basse de E grave.

Une intro percutante à 2 accords, qui est accompagnée par un riff coloré.

On répète ça quelques fois et on arrive sur une sonorité particulière, très proche du métal, une longue harmonique et une phrase couleur orient/asiatique du meilleur effet dans cette ambiance.

C’est alors que démarre une autre partie, plus légère, plus rock avec une rythmique complexe mais qui attire l’oreille. Et ce n’est pas tout, dans l’enchaînement d’accord, des harmoniques viennent et déroute l’auditeur.

Le thème arrive. Quelques notes, pas trop compliquées à jouer, toujours ponctué par les harmoniques de la rythmique.

Et là, le génie frappe encore avec un son et une technique inconnu du jeune guitariste que j’étais. Et encore, l’entendre n’est rien par rapport à voir : la main droite empoigne le manche pour étouffer les cordes, pendant que la main gauche joue à une vitesse folle un arpège en hammer. Il faut le voir pour le croire : voir le tapping à 2 mains.

Le solo, comme pour le premier morceau, alterne phrases rapides, plus lentes et des silences pour reprendre son souffle.

On sent que les techniques utilisées sont maîtrisées parfaitement, un son propre et nickel.

Can’t Slow Down

Ce morceau est chanté, et oui. Bon, ce n’est pas le meilleur aspect de ce guitariste hors norme, mais bon, ça passe bien tout de même.

D’après le titre, on s’attend à de la vitesse, et on n’est pas pris au dépourvu : dès le départ, la batterie donne le ton, très vite rattrapée par la guitare, et un riff à faire tourner la tête.

Strange

On change encore d’univers avec « Strange ». On passe dans une sorte de rock/funck.

La rythmique, un peu syncopée est jouée à trois guitare en son clair et une guitare en son saturé.

Sur ce morceau, pas de thème la non plus puisque ce morceau aussi est chanté.

Pour ce qui est du le solo, on reste dans le style Satriani, avec des variations entre phrases très rapides, et plus lentes, et toujours un peu de repos (très peu en fait) pour varier le tout.

I Believe

Aller, une ballade, cool. Là aussi, pas juste des accords simplement joués et enchaînés. Non, une intro digne d’un riff, et une façon de jouer vraiment aérienne, légère, qui est reposante. Une pause bienvenue dans cet album.

Ce morceau est chanté

One Big Rush

On repart sur les chapeaux de roues (2nd au classement des meilleurs titres de l’album d’après moi).

A première vue, 3 accords : E, D et A, du standard quoi. Mais la manière de jouer ces 3 accords n’a rien à voir avec les formes habituelles des accords. Tout est joué en case 7, avec la de basse parfois à vide.

A l’écoute, et avec les partitions, on se rend compte que dans la dernière exposition de e la rythmique, juste avant que le solo ne démarre, une note est jouée en harmonique, en plein dans la rythmique. Une originalité que je découvrais à ce moment là.

Big Bad Moon

Sur ce morceau, on passe sur du ternaire, premier morceau dans cette métrique : un « strange kind of blue » comme il le dit lui-même. Et ça le fait encore très bien, avec le chant en plus.

Ce morceau fait partie de cette liste qui a fait l’objet de clip, très marqué par son époque mais bon, ce n’est pas ce qu’on attend du maestro.

La encore, 3 accords : E, G et A

Le morceau est chanté, et le solo est prenant.

The Phone Call

On arrive au moment « fun », pas prise de tête, juste pour la rigolade.

Le refrain, parce que oui ce morceau est chanté également, résume à lui seul cette ambiance : « baby I don’t want what you want, I want what I want« , c’est clair 😉

Day At The Beach (New Rays From An Ancient Sun)

Ici, un morceau tout en tapping des 2 mains. L’effet est saisissant. Encore une nouveauté pour moi à ce moment là.

Un peu de repos avant « LE » morceau de l’album.

Back To Shalla-Bal

Bon, là on arrive au top du top (pour moi) sur cet album avec « Back to Shalla-Bal ». Prenez le temps de l’écouter :

Voilà comment le morceau, le chef-d’œuvre est fait :

  • une intro puissante, énigmatique => on sent qu’il va se passer quelque chose
  • le thème qui par sur une harmonique tirée et un rythme soutenu
  • une rythmique originale

Mais ce qui m’a vraiment impressionné, c’est le solo :

  • on démarre avec des notes tirées
  • on continue avec des notes, des notes et des notes et on ne s’arrête pas
  • quelques petites pauses pour préparer la suite
  • des arpèges rapides et puissants (autant voire plus que ceux d’Hotel California ou Sultans of swing)
  • et ça recommence

Ce morceau est pour moi un des marqueurs du style de Joe SATRIANI (avec Summer Song de l’album « The extremist« ). On y retrouve tout ce qui fait son jeu :

  • un thème prenant qui se retient et pourrait se chanter facilement
  • un jeu impeccable quelque soit la vitesse
  • une technique à la pointe
  • des harmonies, des couleurs qui lui sont particulières
  • alternances et variations mélodiques, techniques …

Bref, je suis au summum de la claque de jeune guitariste que j’étais à l’époque (début des années 90). J’ai alors aussi bien compris que la guitare était loin de se cantonner aux accords et aux petits solos qu’on trouve dans les chansons. Un monde s’ouvrait pour moi, et ce n’était que le début. Ca ne serait pas simple, mais l’envie était telle que peu importent les efforts, la route est là et je devais l’emprunter.

Ride

On revient à un morceau chanté : Ride

Mais on commence aussi à connaître la musique et on s’attend déjà à :

  • une rythmique prenante et originale
  • un solo qui explose les notes

Conclusion

Je n’avais que quelques années de guitare quand je suis entré dans l’univers de Joe SATRIANI.

Un extra-terrestre. Tant dans sa façon de composer les rythmiques que les solos. Le jeu était très rapide, c’est vrai, mais ça semblait aussi « étudiable » et surtout, une bonne manière de progresser dans la maîtrise de la guitare (on en rêve tous de maîtriser ce bois de bois ;-).

Un univers s’est ouvert et m’a apporté énormément de choses.

La première, c’est le travail technique de la guitare : le jeu en légato et le jeu aéré. La capacité à jouer plus de notes avec fluidité.

La deuxième chose : apprendre et comprendre la théorie musicale. Comprendre ce qui fait que on peut faire sonner telle couleur, telle ambiance est devenu un objectif et m’a guidé pendant pas mal d’année (et c’est sans fin). Maîtriser son jeu pour être en mesure de faire sonner ce qu’on veut quand on veut. Comprendre pourquoi les choses sonnent comme elles sonnent et pouvoir reproduire à loisirs ces sonorités.

J’espère, avec ce partage d’expérience, avoir réussi à vous faire partager ce que j’aime dans la musique de Joe SATRIANI. Cette musique, riche, puissante, variée dont je ne peux me lasser et que j’espère vous faire apprécier.

Aujourd’hui, cela fait maintenant 30 ans depuis cet album, et malgré ça, je reste toujours aussi fan de ces morceaux, de ce qu’ils m’apportent. Je les écoute encore maintenant avec énormément de plaisir.

Portez vous bien et à bientôt.

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