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Loi de BRANDOLINI : « principe d’asymétrie des baratins »

Alberto Brandolini est un informaticien et consultant italien, principalement connu pour ses travaux dans le domaine du développement logiciel agile et du management de projet. Il s’est fait remarquer pour ses réflexions sur la communication, la gestion des connaissances et la diffusion de l’information, notamment dans le contexte des réseaux sociaux et de la désinformation. Son intérêt pour la dynamique des idées et la propagation des fausses informations l’a amené à formuler un principe devenu célèbre : la loi de Brandolini.

La loi de Brandolini : définition et contexte

La loi de Brandolini, aussi appelée « principe d’asymétrie des baratins », s’énonce ainsi :

« La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des sottises est supérieure d’un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire »

Autrement dit, il est beaucoup plus facile et rapide de créer et de diffuser une fausse information que de la démonter point par point et de rétablir la vérité. Ce principe a été formulé en 2013, puis popularisé en 2014, après qu’Alberto Brandolini a assisté à une interview de l’homme politique italien Silvio Berlusconi, qui enchaînait les affirmations fausses, sans être contredit efficacement par le journaliste. Brandolini a alors constaté que la vérification et la réfutation de ces propos demandaient un travail considérable, alors que leur diffusion avait été quasi instantanée.

Le contexte de cette énonciation s’inscrit dans une époque marquée par la montée des fake news, du complotisme et la viralité de l’information sur les réseaux sociaux. Les techniques de propagande et de désinformation exploitent cette asymétrie : elles misent sur la rapidité et la facilité de diffusion de fausses nouvelles, alors que la vérification exige du temps, des compétences et de l’énergie, ce qui décourage souvent les personnes qui souhaitent rétablir la vérité.

Exemples d’utilisations de la loi de Brandolini

Voici quelques exemples concrets illustrant la loi de Brandolini :

  • Vidéo virale de désinformation : Pendant la pandémie de Covid-19, une vidéo réalisée par une personne sans expertise médicale, truffée d’erreurs, a été vue par des millions de personnes. Pour la réfuter, un journaliste a dû consulter des experts, réaliser des interviews, puis rédiger un long article, un travail de plusieurs jours, alors que la vidéo n’avait nécessité que 15 minutes de préparation.
  • Affirmations complotistes : Christian Perronne, médecin médiatisé, a affirmé à la radio qu’il y aurait plus de fausses couches chez les femmes vaccinées contre le Covid-19. Il a fallu plus d’une heure et demie de recherches pour démontrer, étude à l’appui, que ces propos étaient infondés, alors qu’il avait suffi d’une minute pour les propager.
  • Débats politiques : Lors de débats, comme ceux impliquant Donald Trump, il est fréquent de voir une avalanche d’affirmations erronées. Les journalistes ou adversaires, disposant du même temps de parole, peinent à tout réfuter, car chaque correction demande des explications détaillées, des sources, et donc beaucoup plus de temps que la simple affirmation initiale.
  • Gish Gallop : Cette technique, souvent utilisée par les créationnistes ou les climato-sceptiques, consiste à multiplier les arguments fallacieux ou douteux en peu de temps. L’adversaire, pour répondre sérieusement, doit traiter chaque point, ce qui est pratiquement impossible dans le cadre d’un débat limité dans le temps.
  • Propagation sur les réseaux sociaux : Les fausses informations se diffusent beaucoup plus rapidement et largement que les correctifs, car elles sont souvent plus sensationnalistes, simples à comprendre et à partager, tandis que la vérité est parfois plus nuancée et nécessite des explications plus longues.

Que faire dans ces cas-là

Contrer un Gish Gallop

Plusieurs points pour faire face à une saturation d’arguments :

Refuser le terrain imposé et recadrer le débat

Ne cherchez pas à répondre à tous les arguments à la fois. Indiquez clairement que la méthode employée nuit à la qualité de l’échange :

« Il y a beaucoup de points évoqués, prenons-les un par un pour avancer de façon constructive. »

Exiger la structure

Privilégiez les discussions structurées où chaque partie expose un argument à la fois, avec un temps de parole limité et des règles claires. Les débats formels ou modérés réduisent l’efficacité de la saturation d’argument.

Choisir un seul point à réfuter

Sélectionnez l’argument le plus important ou le plus représentatif, et démontrez précisément pourquoi il est erroné ou fallacieux. Cela permet de montrer la faiblesse de la méthode sans se perdre dans la masse.

Préparer des réfutations anticipées

Si la technique est courante dans un domaine (climat, vaccins, etc.), préparez des réponses types aux arguments les plus fréquents, afin de ne pas être pris au dépourvu.

Rester calme et rationnel

Gardez votre sang-froid, ne vous laissez pas entraîner dans l’émotion ou la frustration. Restez factuel, posez des questions précises, et refusez de vous disperser.

Nommer la technique

N’hésitez pas à expliquer à l’audience ou à votre interlocuteur que ce procédé porte un nom et qu’il vise à noyer le débat plutôt qu’à le faire avancer. Cela peut décrédibiliser la manœuvre auprès des observateurs.

Pratiquer l’écoute active

Montrez que vous écoutez, reformulez un point, puis revenez à l’essentiel :

« Si je comprends bien, vous avancez ceci. Concentrons-nous sur ce point avant d’aller plus loin. »

En bref

Face à la saturation d’argument, il est essentiel de ne pas se laisser entraîner dans la surenchère. Structurez l’échange, recentrez le débat, choisissez vos batailles, et n’hésitez pas à dénoncer la technique utilisée. Cela permet de préserver la qualité de la discussion et d’éviter de tomber dans le piège du galop de Gish.

Conclusion

La loi de Brandolini met en lumière un défi majeur de notre époque : la facilité avec laquelle les fausses informations se propagent, et surtout la difficulté à les corriger. Elle rappelle l’importance d’une vigilance accrue face à la désinformation et souligne la nécessité d’outils et de stratégies efficaces pour soutenir ceux qui s’efforcent de rétablir la vérité.

Gardons un esprit critique.

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